De très loin la région du monde où la culture de cannabis est la plus prolifique, mais aussi l’une des zones les plus socio-économiquement défavorisées du pays, le Rif marocain, meurtri par la prohibition de son traditionnel « kif », s’organise pour réfléchir à une porte de sortie constructive, qui profite au plus grand nombre, et plus seulement à certains.
Pour n’être ni dépossédé de son héritage culturel et génétique endémique, ni spoliés par la légalisation, la société civile du Rif, si proche de l’Europe à travers Gibraltar, se tourne vers les autorités locales pour revendiquer des avancées concrètes, et en appelle à des partenariats outre-Méditerrannée, avec cette Europe d’où provient l’essentiel de la demande, et où termine l’essentiel de l’argent généré par les cultures rachetées à bas prix aux paysans pauvres du Rif.
FAAAT a participé à la rencontre de Chefchaouen du 30 avril 2017, présentant le nouveau paradigme du cadre international relatif au cannabis, et l’agenda de l’ONU pour le développement durable. Ci-dessous, nous reprenons en version originale et traduite le communiqué diffusé suite à la journée.
Plus que jamais, pour les droits des peuples autochtones du Rif, et un développement durable et équitable de leur région : une seule solution, la régulation !
De cette rencontre, comme d’évènements précédents, un consensus semble se détacher. Il s’articule autour d’une première série de recommandations à court terme, mesures d’urgence pour pallier aux conditions déplorables des habitant-e-s de la région (déblocages administratifs, résolution des problèmes de voirie et de transports en commun, d’aménagement d’approvisionnement en eau potable et en électricité, création d’espaces naturels protégés, plans de développement durable et plans de protection de l’environnement et de la biodiversité, etc.), et, à moyen terme, l’exigence du contrôle et de la régulation légale de la production de kif (cannabis) dans les zones régions Senhaja et Ghomarra, zones historiques de culture, en particulier à travers :
- la mise en place d’une agence en charge du développement, et d’une agence de régulation du kif ;
- inclusion des variétés endémiques de la plante de kif au sein du patrimoine culturel du Maroc et création d’un Centre national de recherche et d’étude consacré au cannabis ;
- l’annulation des poursuites judiciaires engagées concernant la culture de kif dans ces régions et la généralisation des mesures d’amnistie pour les agriculteurs ;
- mise en place de centres de prise en charge des addictions et de soutien psychologique dans les zones urbaines et péri-urbaines ;
- implication des populations concernées, et incitation à la formulation de propositions et projets citoyens afin de résoudre les problématiques régionales liées de la culture du kif.
شفشاون: مشاركون في ندوة دولية يطالبون برفع الظلم المسلط على المزارعين البسطاء للكيف
احتضن المجمع الرياضي والثقافي محمد السادس بمدينة شفشاون ندوة دولية تحث عنوان” زراعة الكيف وأفاق التنمية بمنطقة الريف الأوسط” نظمها نادي الوفاء والتواصل بدعم من المجلس الإقليمي لمدينة شفشاون يوم أمس الأحد 30 أبريل وذلك بمشاركة اكاديميين وخبراء وفاعلين جمعويين من المغرب، فرنسا، اسبانيا وألمانيا.وقد عرفت الندوة، التي امتدت لقرابة سبع ساعات، نقاشا حادا بين المحاضرين والحضور الذي فاق عدده 100 اغلبهم من الطلبة الباحثين والمهتمين بالموضوع، والذين قدموا من مدن اشاون، الحسيمة، تطوان، طنجة، القنيطرة ومكناس، حيث خلص المشاركون الى تقديم توصيات هامة عند نهاية الندوة همت ثلاث جوانب: مؤسساتية، حقوقية وتنموية، جاءت كالتالي:
- ضبط وتنظيم زراعة الكيف وتوطنيها في المناطق التاريخية .
- إنشاء وكالة تنمية مناطق زراعة الكيف.
- احداث عمالة غمارة.
- احدات عمالة صنهاجة.
- إلغاء العمل بالشكايات الكيدية المجهولة.
- احداث المركز الوطني للأبحات والدراسات حول الكيف.
- تحيين القوانين المتعلقة بمنع زراعة الكيف، لحماية المزارعين البسطاء من المتبعات وتكييفها مع توصيات الأمم المتحدة المتعلقة بمحاربة المخدرات.
- إصدار عفو شامل عن المزارعين البسطاء للكيف.
- فتح تحقيق حول الجهات الواقفة وراء إغراق المنطقة ببذور القنب الهندي الهجينة والمخدرات الصلبة.
- إدراج نبتة الكيف الأصلية ضمن الموروث الثقافي للمغرب.
- انشاء مراكز لمحاربة الإدمان والدعم النفسي بالمراكز الحضرية وشبه الحضرية لمناطق زراعة الكيف.
- إحداث معاهد للتكوين العلمي بمناطق زراعة الكيف خصوصا في ميداني الزراعة والسياحة .
- تشجيع الاستثمار بمناطق زراعة الكيف وذلك عن طريق:
- إحداث مناطق صناعية وخدماتية.
- توفير الوعاء العقاري بأثمنة مناسبة.
- تقديم تحفيزات _ إعفاءات ضريبية.
- حل مشكل النقل العمومي بمناطق زراعة الكيف.
- ضمان تزويد دواوير مناطق زراعة الكيف بالماء الصالح للشرب وذلك عن طريق بناء سدود تلية .
- حل مشاكل قطاع الكهرباء بمناطق زراعة الكيف، خصوصا انقطاع التيار الكهربائي، تساقط الأعمدة الكهربائية وغلاء الفواتير .
- تسهيل مسطرة التمكين من الحصول على وثائق الملكية الأرضية.
- احداث منتزه وطني بمنطقة غمارة (منتزه تيزيران )
- احدات منتزه وطني بمنطق صنهاجة (منتزه تدغين، جبل الارز، جبل دهدوه، تيزي فري…)
- إخراج المشاريع التنموية المبرمجة بالمنطقة للوجود، وذلك حسب الاولويات.
- اخراج مشروع المدينة الجديدة بإساكن للوجود وحل المنزعات العقارية الخاصة بالمشروع.
- انشاء الطريق السريع تطوان_الحسيمة (الطريق الوطنية رقم 2 ).
- رد الاعتبار لطريق الوحدة وذلك بإنشاء الطريق السريع فاس_إساكن عبر كتامة .
- احداث طريق رابطة بين بني أحمد_باب برد و باب برد_أمتار (عبر خميس المضيق).
- تعزيز الشبكة الطرقية بالمنطقة وفك العزلة عنها وذلك بإحداث مسالك طرقية بيجماعتية .
- احداث مطارح عمومية بيجمعاتية بمناطق زراعة الكيف.
- دعوة وكالة تنمية أقاليم الشمال للإهتمام بمناطق زراعة الكيف عبر تخصيص اعتمدات مالية هامة لإنجاز مشاريع هيكلية بدل تركيزها على المدن الكبرى.
- دعوة كافة فعاليات المجتمع المدني للبلاد الكيف لصياغة مقترح عملي لحل اشكالية زراعة الكيف وخلق آليات
Colloque international à Chefchaouen: Les conférenciers demandent la fin des injustices subies par les agriculteurs de cannabis au Maroc.
C’est dans l’enceinte du centre culturel et sportif Mohammed VI à Chefchaouen que s’est tenu le dimanche 30 Avril dernier un colloque international consacré aux perspectives de développement et de croissance pour les zones rurales de culture du cannabis dans le Rif central (Ghomara-Senhaja) au Maroc. Organisé par le Club Alwafae avec le soutien du conseil provincial de Chefchaouen, la rencontre a réuni des experts, universitaires et acteurs associatifs venus du Maroc de France, d’Espagne et d’Allemagne.
La rencontre, qui s’est déroulée sur près de sept heures, a été l’occasion d’un riche débat entre les conférenciers et la centaine de personnes venues assister. La plupart du public était composée de chercheurs, étudiants et d’habitants intéressés par la thématique, aussi bien de Chefchaouen que venus des villes d’Al Hoceima, Ouazane, Tétouan, Tanger, Kenitra ou encore Meknès.
À l’issue de la journée, des conclusions ont été formulées autour de trois aspects : droits humains, aspects institutionnels et approches de développement. Les recommandations exprimées sur cette base sont les suivantes :
- contrôle et réglementation de la production de kif (cannabis) dans les zones de culture traditionnelle (régions Senhaja et Ghomara) ;
- mise en place d’une agence nationale en charge du développement des zones de culture du kif ;
- création d’une unité préfectorale pour la zone de Ghomara ;
- création d’une unité préfectorale pour la zone de Senhaja ;
- annulation des poursuites judiciaires engagées concernant la culture de kif dans ces régions ;
- mise en place d’un Centre national de recherche et d’étude du kif ;
- adaptation des lois marocaines avec le nouveau schéma international instauré après l’UNGASS de 2016 en vue de la protection des droits humain des cultivateurs de cannabis ;
- généralisation des mesures d’amnistie pour les agriculteurs de kif de ces zones ;
- concentration des investigations sur les nouvelles graines de kif génétiquement modifiées et les flux d’autres stupéfiants (cocaïne, héroïne) introduits ou transitant par cette région ;
- inclusion des variétés endémiques de la plante de kif au sein du patrimoine culturel du Maroc ;
- mise en place de centres de prise en charge des addictions et de soutien psychologique dans les zones urbaines et péri-urbaines limitrophes de la zone ;
- création de formations scientifiques et techniques notamment dans les domaines de l’agriculture et du tourisme ;
- incitations à l’investissement local, en particulier à travers la mise en place :
- d’incitations et d’exonérations fiscales adéquates,
- de zones d’activités industrielles et de services appropriées,
- résolution des problèmes de transport, en particulier transports en commun, dans les zones concernées ;
- aménagement de l’approvisionnement en eau potable des zones de culture de kif, à travers la construction de petits ouvrages hydrauliques ;
- résolution des problèmes liés à l’approvisionnement en électricité, en particulier les pannes de courant et les dégâts liés à l’infrastructure ;
- facilitation de la procédure d’acquisition des terrains ;
- mise en place d’un espace protégé “parc national Tizirane” dans la région de Ghomara ;
- mise en place d’un espace protégé “parc national Tidghine” dans la région de Senhaja ;
- mise en œuvre, en fonction des priorités, des projets de développement déjà programmés dans la région ;
- mise en œuvre du projet de développement de la ville d’Issaguen, dit »la nouvelle ville », et résolution des conflits immobiliers concernant ce projet ;
- création de la voie rapide (route nationale n°2) Tétouan-Al Hoceima ;
- réhabilitation, mise aux normes et passage en voie rapide de la route alwahda reliant Fés, Ketama et Issaguen ;
- création de routes reliant Bab-Berred à Beni Ahmed et Amtar ;
- renforcement des routes de campagne et de la signalétique dans les zones les plus isolées de la région ;
- création de décharges gérées publiquement ;
- réorientation des financements et les projets de l’Agence du développement des provinces du Nord, afin de donner la priorité aux zones montagneuses où sont situées les cultures de kif ;
- incitation des acteurs de la société civile de la région à formuler leurs propositions et projets afin de résoudre la problématique de la culture du kif dans la région.